Depuis 3 ans maintenant, nous avons la chance de pouvoir couvrir pour vous le Festival International de la BD d'Angoulême, incontournable événement pour tous fans de 9e art. Si vous voulez une présentation plus exhaustive, nous vous conseillons d'aller voir le premier compte-rendu, ici on va se concentrer sur ce que nous avons pu voir/faire lors de la dernière édition parmi la myriade de propositions (impossible de tout faire, vraiment)Du 30 janvier au 2 février, s'est tenue la 52e édition et comme pour les années précédentes, nous allons tenter de vous immerger à travers un vécu de festivalier parmi des milliers d'autres à travers notre périple ! Périple qui commence juste après notre arrivée sur le site, pas le temps de niaiser, on a rendez-vous au CGR d'Angoulême pour l'avant-première du premier épisode de Conciliabule, la nouvelle émission consacrée à la bande dessinée de France Télévisions présentée par l'illustre Pénélope Bagieu (Culottées entre beaucoup d'autres choses), présente avec nous dans la salle. Il était temps que nous ayons un programme consacré à notre art préféré sur une média aussi important ! Le principe est simple : Une discussion/interview (même si l'animatrice se défend de ce dernier terme) autour de la carrière d'un ou d'une bédéaste dont elle apprécie le travail. Une réelle conversation entre personnes du milieu, naturelle et passionnante avec à disposition feuilles et matériel de dessin car une image vaut souvent mille mots. Et à première d'exception, invitée d'exception : Catherine Meurisse ! On a ainsi pu voyager à travers sa riche carrière de dessinatrice de presse au sein de Charlie Hebdo, la manière dont elle travaille les décors ou encore comment elle met d'elle-même dans ses oeuvres. Et assister à cet échange sur grand écran au cinéma était une super expérience. Si ce n'est pas déjà fait, ruez vous sur cette émission ! Chouette mise en bouche du festival avant d'attaquer les grosses journées qui nous attendent !
VendrediAprès une nuit de repos trop courte certes mais méritée, nous nous lançons directement à l'assaut du Nouveau Monde, la bulle consacrée à la BD indé afin d'y faire un premier tour shopping et discuter avec les éditeurices présents. L'avantage de ce spot situé en haut de la ville, près de la mairie c'est qu'il est à la fois à côté du Musée d'Angoulême et du Théâtre qui sont deux destinations qui nous intéressent. Le musée d'abord pour son exposition consacrée à Posy Simmonds, l'une des prestigieuses invitées du festival. Inutile d'aborder la qualité de l'exposition et des suivanters, le festival propose toujours de superbes immersion dans l'oeuvre des auteurices et courants qu'il souhaite mettre en lumière et c'est une nouvelle fois le cas ici ! Voir de près les originaux de son oeuvre pléthorique allant du récit pour la jeunesse au dessin de presse en passant par la réinvention de classiques littéraires. Une bibliographie militante, féministe et fondamentale dans la BD occidentale donc de la BD tout court ! D'ailleurs, une chouette chronologie du développement du neuvième art au Royaume-Uni traversait une bonne partie de l'exposition, ce qui est une chouette ouverture sur elle et ses dates clés.
Une chouette surprise nous attendait à la fin de ce dédale de planches quand nous sommes tombés sur Posy Herself en train de finir son créneau de dédicaces. Nous n'avons pas pu lui parler car elle était attendue mais de la trouver là sans le savoir au préalable fut quand même un petit pic émotionnel ! Mais elle n'était pas la seule à avoir un rendez-vous, après une petite pause déjeuner bien méritée, c'est au théatre que nous nous rendons pour la Masterclass exceptionnelle de Kamome Shirahama, dont le chef d'oeuvre L'Atelier des Sorciers était exposé à l'Hôtel Saint-Simon et spoiler malheureux : nous n'avons pas pu la visiter, ni elle ni celle de Gou Tanabe consacrée à ses liens étroits avec le monstre du fantastique H.P Lovecraft à qui Lucas a consacré un article sur notre site (allez le lire comme tout ce qu'il a écrit). Malheureusement, depuis quelques années, certaines expositions sont devenues très difficiles d'accès tant elles attirent du monde. Alors elles restent visibles si l'on est patient mais c'est souvent au prix de plusieurs heures d'attentes. C'était le cas de celle sur Superman également. Nul doute qu'elles valent le coup et c'est une bonne chose qu'elles aient autant de succès. Chacun vit son festival comme il veut et c'est l'une de ses richesses, mais nous préférons la variété, quittes malheureusement à passer à côté de gros bangers. Parenthèse faite, passons au main event de l'après-midi : Shirahama-Sensei !!L'autrice arrive visage caché, grimée à l'image d'un de ses personnages, d'abord stressée comme beaucoup d'auteurices venus du Japon. 1h30 d'échange super plaisants qui a été l'occasion de revenir sur son processus créatif, rapport au merveilleux, son amour pour la mode ou encore sa conception du monde et de la création comme à la fois moyen d'expression et moyen de faciliter la vie des gens. Au fur et à mesure, nous découvrons une personnalité qui se détend, blague et devient plus expansive. Un superbe moment, vraiment, les rencontres avec les artistes, c'est ce que votre serviteur préfère !C'est la tête pleine d'infos que nous nous dirigeons à présent vers le Monde des Bulles, l'antre de la BD mainstream avec tous les grands éditeurs de BD occidentale pour un petit (gros) tour des stands pour une nouvelle fois remplir nos sacs. Mais ne nous y attardons pas trop car nous avons un rendez-vous, sur les quais de la Charente pour l'une des animations les plus originales à laquelle le festival pouvait nous convier : un tour en drakkar proposé par l'association de passionnés de navigation : Bàtar. Cette proposition était sur inscription mais gratuite, pour permettre au plus de monde possible d'y prendre part, ce qui est top ! En plus, l'idée n'est pas juste de se faire promener pendant 30min, c'est nous qui naviguons ! Un drakkar n'avance que grâce à la force de son équipage qui rame, et nous sommes l'équipage ! Après une attente prolongée dûe à un retard sur le planning, une distribution des gilets de sauvetage avec la formation qui va bien, il est temps d'embarquer ! Les rames sont lourdes et il faut les manoeuvrer et demande une vraie synchronisation entre tout l'équipage mais l'expérience était super plaisante et immersive. Notre capitaine était super agréable, claire et nous a présenté leur association et notamment leur projet fou de traverser l'Atlantique, espérons qu'ils y arrivent mais nous n'avons aucun doute là-dessus ! Merci à eux pour cette opportunité et une très belle manière de terminer la journée !
Samedi
Chaque année c'est la journée la plus remplie et en voici un nouvel exemple ! Pour la première fois, Radio Campus Pau se rend au Vaisseau Moebius dès son arrivée sur le site, bâtiment hybride entre centre de conférence et d'exposition avec sa forme particulière toute en verticalité. La raison ? Non pas l'exposition sur Superman, malgré le fait que nous aurions aimé y jeter un oeil mais pour une conférence matinale sur l'importance d'écrire l'enfance en BD avec rien de moins que Julien Neel, Sy et Lucie Bryon ! Une discussion qui prendra vite une forme de digression sans pourtant perdre son intérêt ! Nous avons pu aborder l'importance d'écrire de la BD pour les plus jeunes, pour façonner leur amour du médium, en faire de futurs lecteurs mais aussi car c'est un art qui présente naturellement des formes qui peuvent plus facilement leur parler, c'est donc d'autant plus important qu'il soit de qualité. Et ça a duré un quart d'heure environ avant de prendre un virage qui nous amené sur pleins d'autres sujets allant des contraintes edito, aux techniques de dessin en passant par un concours du job le plus pourri dans lequel ils ont été. Trop trop cool encore une fois et c'était que le début des belles choses qui nous attendaient en ce premier jour du week-end ! Quittes à être dans cette zone excentrée de la ville, nous avons fait une bonne partie des expos du coin : celle sur Julie Birmant au Musée du Papier et les différentes collaborations qu'elle a pu faire pendant sa carrière, notamment centrée sur les portraits d'artistes qu'elle a scénarisés comme Dali par exemple, qui avait droit à un montage vidéo au centre de la première salle !
Petite expo qui nous met en jambe vers nos prochaines destinations visuelles au Musée de la bande dessinée, sur l'autre rive. En plus d'abriter le Quartier Jeunesse, il regorge d'expositions et nous avons pu en visiter quelques-unes avant de reprendre la route pour la masterclass de John Romita Jr. au Théâtre d'Angoulême. L'un de nos principaux objectifs du festival était l'exposition consacrée à Lou!, après avoir vu son papa nous régaler en conférence une heure plus tôt et elle n'a absolument pas déçue, on a adoré ! Il s'agit ici d'explorer tout ce qui a un rapport avec le personnage, de l'oeuvre principale à sa suite dans Sonata, les différents grands arcs, son développement transmédia où elle est passé des cases à la télé et au cinéma avec une scénographie à l'image de la DA de la BD, douce et colorée avec pleins de pièces rappelant son univers, des jouets, des objets vintages et on a même eu droit à des vieux carnets de l'auteur en plus des planches originales en vitrine !A peine le temps de s'en remettre que nous nous rendons à la BD règle ses contes, expo dédié aux liens entre ces deux formes d'expression, où nous évoluons dans de superbes décors. Etant destinée aux enfants, elle étale sur tout son long différentes jeux et activités qui permet aux jeunes de dessiner, créer leurs personnages, ajouter leur patte à une grande fresque etc. Nous étions plus là pour l'immersion et l'aspect documentaire que pour les planches et nous avons été régalés ici aussi !
Place au patron à présent ! Petite collation, petit tour de navette et nous voilà installés pour assister à la venue exceptionnelle du non moins exceptionnel John Romita Jr., immense artisan du comics ayant redéfini la manière de dessiner plusieurs grands super-héros comme Spider-man ou Daredevil, a notamment pris la plume pour la trilogie Kick-Ass et fils du légendaire John Romita, l'un des auteurs les plus révérés du genre, aux côtés d'un Steve Ditko ou Jack Kirby. Malgré une durée emputée d'une trentaine de minutes en comparaison aux masterclass habituelles, nous avons assisté à un entretien pour gourmands, hyper riche en infos, notre invité est tel qu'on peut s'imaginer une personnalité américaine, showman, blagueur et qui n'hésite jamais à se mettre en scène, il est l'opposé des auteurices japonais que nous avons pu voir, toujours plus simples et sur la réserve, ce qui n'est pas un mal mais qui fait un sacré contraste avec quelqu'un comme lui. La rencontre s'est divisée en deux parties : une première en question-réponse, tradionnelle, où nous sommes revenus sur ses débuts, son évolution, la manière dont il appréhendé les super-héros qui lui ont été assignés ou son rapport à l'ombre de son père avec plétore d'anecdotes incroyables comme lorsqu'il nous décrivait des scènes surréalistes pour qui n'a pas un entourage comme le sien à l'image de diners où Stan Lee venait à la maison ou encore le fait qu'il ait crée un méchant de Spider-Man, The Prowler, encore adolescent. La seconde moitié était dédiée aux questions du public, chouette initiative de laisser ses fans échanger avec lui alors que 3h supplémentaires n'auraient pas été suffisantes pour faire le tour de son oeuvre. Assurément l'un des temps forts du festival et une chance incroyable de partager la même salle qu'un artiste aussi important.
Notre prochaine rencontre et conclusion de la journée est avec un artiste beaucoup moins connu mais pas moins intéressant. Cap sur Manga City pour le voir et passage sur les stands en attendant le début ! C'est avec Yasutoshi Kurokami que nous allons passer cette prochaine heure ! Il est l'auteur de Croissant Amoureux, un manga OVNI, romance surréaliste empruntant à la poésie de Taiyo Matsumoto comme à l'épure de Minetaro Mochizuki ! Ce fut l'occasion de découvrir que l'auteur, bien qu'il soit né au Japon avait voyagé pendant de nombreuses années avant de venir habiter en France, où il habite encore ! C'est d'ailleurs tout à son honneur d'avoir voulu mener la conférence le plus possible en français alors que ce n'est pas sa langue maternelle. Nous avons pu évoquer ses débuts sur instagram, sa soif d'expérimentation de formats, couleurs et types de dessin ou encore sa manière singulière de créer alliant spontanéité et travail de soustraction. Son éditeur étant présent dans la salle, nous avons aussi pu aborder l'objet livre avec lui, vous le verrez si vous le trouvez en rayon, il possède un type de reliure très particulier ! C'est ainsi que nous terminons ce samedi bien chargé avant de terminer sur un dimanche plus calme mais non moins surprenant comme vous allez pouvoir le lire !
Dimanche
Nous n'avions prévu que de nous rendre à la rencontre donnée à Manga City sur la Fantasy Féminine avec Bruno Pham, ainsi que les auteurices Dr. Pralinus (Dargaud) et Tpiu (Kana). Encore une fois, une discussion très intéressante sur l'importance pour les femmes et minorités de genre de s'approprier cet univers littéraire historiquement masculin, les formes que cela peut prendre et les différentes perspectives de réflexion qu'un déplacement du point de vue peut susciter. Malheureusement, des problèmes électriques ont rythmé le moment et perturbé son bon déroulement mais pas au point d'entacher l'intérêt qu'il pouvait susciter. C'est en sortant de la bulle que nous pensions juste nous balader en attendant notre train, que nous sommes tombé sur quelque chose d'inespéré : une file d'attente réduite à son minimum pour l'exposition dédiée à Vinland Saga alors qu'elle était simplement inaccessible tout le long du festival !! C'est donc comme ça que nous finirons notre festival : auprès des planches incroyables de Makoto Yukimura dans son exposition immersive, dans un décorum inspiré de la culture norroise. Un drakkar enfumé, fausse pierre, végétation, boucliers et maison médiévales nous attendaient et ont donné une saveur particulière à ce tour. La sélection des originaux était parfaite, suivant l'évolution mentale de son personnage principal, centrale pour l'intérêt du manga et nous a permis de nous rendre compte d'à quel point les rendus de l'auteur sont soignés, peu de modifications, de corrections, presque semblables aux imprimés que nous avons dans nos tomes reliés, époustouflant !
C'est sur cette incroyable surprise que s'est conclue notre périple en terre angoumoise pour cette année ! Merci de nous avoir lu !