Que se passe-t-il ? #1

15 novembre 2024 - 14:00

Que se passe-t-il ?

 

Depuis le lundi 11 jusqu’au vendredi 22 novembre, la COP 29 se déroule à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan.  Réunissant des scientifiques, des lobbyistes, des journalistes et surtout des dirigeants politiques d’environ 200 pays autour de la table des négociations, la conférence fait suite à celle qui s’était tenue l’année dernière à Dubaï, aux Emirats Arabes Unis durant laquelle les partis étaient parvenus à un accord. En effet, les Etats s’étaient engagés à emprunter la voie d’une transition écologique en-dehors des énergies fossiles, chose quelque peu cynique en sachant sur quelle base se fonde en majeure partie l’économie du pays hôte. En effet, l’accueil de la COP 28 avait fait l’objet de vives critiques par les observateurs internationaux en raison de son organisation dans un Etat pétrolier. Ainsi serait-ce la raison pour laquelle l’opinion publique se désintéresse de celle se tenant actuellement en Azerbaïdjan ? Afin d’avoir une idée claire de l’approche des questions écologiques par le gouvernement azerbaïdjanais il suffit de s’en référer aux propos du président Ilham Alijev qui qualifie le pétrole de « don de Dieu ». Rien de bien étonnant au vu de la place occupée par les hydrocarbures dans les exportations du pays (92%). Cependant, passant outre ce détail, cette COP 29 mérite que l’on s’y intéresse.

 

Un contexte mettant en lumière le besoin de politiques climatiques

 

D’abord inscrite dans un contexte climatique et politique secoué depuis les dernières semaines, cette COP (Conference Of the Parties) intervient à la suite de catastrophes naturelles aggravées par le dérèglement climatique. Les ouragans Helen et Milton qui ont touché le Sud des Etats-Unis en septembre et octobre dernier, ainsi que les images impressionnantes des inondations dans la région de Valence en Espagne il y a quinze jours, ont considérablement affecté l’opinion publique. De plus, l’étude menée par un groupe de 100 scientifiques publiée mercredi a remis en doute la capacité des Etats à tenir leur promesse de rester sous le seuil des 1,5° de réchauffement de la planète d’ici la fin du siècle. Enfin, une autre nouvelle troublante pour l’environnement n’est autre que la réélection de Donald J. Trump à la tête des Etats-Unis. Le président républicain avait pris l’initiative de retirer son pays des accords de Paris lors de son premier mandat et promet désormais de déréguler les normes environnementales en vigueur pour favoriser l’industrie Américaine. C’est donc dans un climat refroidi par l’actualité que s’est ouverte la COP 29. Néanmoins les enjeux de cette conférence restent, quant à eux, un point important à mentionner.

 

Des politiques qui restent à financer

 

L’objectif de cette conférence sur le climat est davantage financier comme le remarque Audrey Garric, journaliste chargée du climat au Monde. Si cela peut paraître étonnant au premier abord, il ne s’agit pas pour autant de jouer les Loups de Wall Street mais plutôt de trouver des accords entre les pays développés du Nord et ceux du Sud, moins développés et, en l’occurrence, moins aptes à mener des politiques de transition écologique. Depuis la Déclaration de Rio en 1992, les pays du Nord s’engageaient à contribuer financièrement aux politiques climatiques des pays moins industrialisés, qui figurent parmi les premières victimes du réchauffement de la planète. Toutefois depuis le temps les choses ont changé et certains considèrent que des pays alors considérés comme « en développement » il y a plus de trente ans sont désormais aptes à financer leur politique écologique par eux-même, le premier pays visé étant la Chine. L’objectif de ces financements est de réduire les émissions de gaz à effet de serre ainsi que de prévoir des fonds nécessaires en cas de catastrophes naturelles graves, le coût de ces dernières ayant augmenté ces dernières années. Par conséquent les négociateurs africains, portant à eux seuls les voix de près d’une cinquantaine de pays, sont prêts à réclamer, pour l’heure, une enveloppe de près de 1 000 milliards de dollars par an jusqu’en 2030 afin de mener à bien leurs politiques climatiques. Reste à voir l’avis des pays appelés à contribution et les modalités de financement.

 

Des premiers engagements avant un accord global

 

Avant d’en arriver à un accord global, de premiers engagements et de premières promesses ont été posées sur la table par certains dirigeants. A l’image du Premier ministre travailliste du Royaume-Uni, Keir Starmer. Ce dernier a annoncé que le pays s’engageait à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 81 % d’ici 2035 par rapport aux données de 1990. Ambition qui n’est pas sans laisser les spécialistes dubitatifs au vu de la difficulté que rencontrent déjà les britanniques à atteindre leur premier objectif fixé auparavant, qui consistait à réduire d’au moins 68 % ces mêmes gaz à effet de serre d’ici 2030. Malgré tout, il reste à souligner que les efforts britanniques sont salués par bon nombre d’organisations non-gouvernementales comme Greenpeace et que, dans les faits, certaines mesures sont allées dans le sens de leurs engagements. Par exemple, la fermeture de la toute dernière mine de charbon sur le sol britannique, le 30 septembre dernier, marquait la sortie définitive de la nation d’une source d’énergie qui avait autrefois fait sa richesse. En ce qui concerne la France la crise diplomatique entre l’Elysée et Bakou sur fond d’ingérences azerbaïdjanaises dans les manifestations en Outre-Mer, a marginalisé le travail des négociateurs. La ministre de la transition écologique Agnès Pannier-Runacher a annoncé ce mercredi ne pas se rendre à la COP 29, comme cela avait été le cas du Président quelques jours auparavant, mais des négociateurs Français restent sur place afin de représenter le pays dans les pourparlers.

 

Par Lucas Sayous

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